Giverny et Vernon : Journées du Patrimoine 1996

L'Histoire se donne à voir

Week-end marathon pour les amoureux de la culture ! Pour leur treizième édition, les 14 et 15 septembre, les Journées du Patrimoine affichaient pas moins de 300 édifices à visiter dans les deux départements Haut-Normands. Avec toute une série de visites guidées exceptionnelles dans des bâtiments entrouverts au public pour la circonstance.

A Vernon, le Cercle d'Etudes Vernonnais n'a pas lésiné en proposant trois circuits historiques à thème à travers la cité. Samedi, le premier retraçait l'histoire d'un quartier méconnu des habitants de la rive gauche, Vernonnet. Après avoir évoqué la construction de l'église Saint-Nicolas par un médiocre architecte nommé Bourguignon, Jean Baboux a entraîné une soixantaine de personnes vers des points remarquables du quartier : le cimetière, où se trouve la chapelle mortuaire des Ogereau, le presbytère, et les Tourelles.

Mais le moment le plus émouvant était certainement la visite de la Glacière, une grotte artificielle creusée à flanc de colline, utilisée autrefois comme frigo grâce aux glaces de la Seine qu'on y entassait l'hiver, mêlées à de la paille.

Morts de peur

Cette vaste galerie, qui fait actuellement office d'entrepôt, a servi d'abri pendant la dernière guerre. Jacques Leclerc, Vernonnais de toujours, avait alors 19 ans. Il n'y était jamais retourné depuis. Il se souvient : "Nous sommes restés huit jours tassés comme des sardines dans cette grotte, pratiquement sans manger et sans boire. Nous devions être environ cinq cents, tout le village était là. Les anciens qui avaient fait la guerre de 14-18 nous répétaient qu'on ne connaissait pas les Allemands, qu'ils allaient tous nous tuer. Nous n'osions pas sortir, nous étions persuadés qu'ils allaient nous abattre si nous quittions notre cachette. Finalement, les plus courageuses ont été des femmes. C'étaient des mères dont les enfants avaient faim. Elles ont osé se risquer dehors..."

Au coin de la rue, à moitié caché par la végétation, le mot abri est toujours peint sur le mur, plus de cinquante ans après. En revanche, l'exposition que le CEV avait organisé à l'intérieur de la glacière était, elle, tout à fait éphémère. On a pu voir un char funèbre à bras, le costume d'un frère de charité, et un étonnant coffre de chêne à trois serrures. Comme il se doit, la balade s'est terminé par le vieux moulin. S'il n'était pas permis d'y entrer, pour des raisons de sécurité, on a tout de même pu jeter un coup d'oeil par la fenêtre...

Les rues du Moyen-Âge

Le circuit médiéval est maintenant un classique. Cette année, il n'a pas été possible de descendre dans une des caves moyenâgeuses de la rue Potard. Une rue remarquable par ses maisons anciennes et par les têtes sculptées... au vingtième siècle par Alphonse-Georges Poulain ! Le point de vue du haut de la tour des Archives ne manque pas d'intérêt non plus.

Une nouveauté cette année, la découverte historique du quartier de l'hôpital. Situé "hors les murs" du temps des fortifications, il n'en a pas moins un passé mouvementé qu'a évoqué Pierre Pajot, du CEV. Les deux tours de la porte de Gamilly ont détenu 180 Espagnols faits prisonniers par Condé, et qui ont presque réussi à s'évader. En face, à la place du cinéma, s'étendait un cimetière qui a servi pendant plusieurs siècles. Le sous-sol serait encore truffé d'ossements... On a bien failli pouvoir se promener à cet endroit, car il était question d'en faire le magnifique jardin public qui manque à Vernon. Mais les projets de construction de mairie ont obligé à démolir l'ancien théâtre de la place Barette, qui a été reconstruit à cet endroit.

Un labo photo

N'est-il pas étonnant d'apprendre qu'en face, l'hôtel de Normandy offrait au début du siècle des services dernier cri : un garage avec fosse pour les réparations urgentes, et même une chambre noire aimablement mise à disposition de la clientèle pour développer des photos ! Après avoir raconté l'histoire de l'hôpital, vieille de huit siècles, et de sa chapelle aux magnifiques colonnes sculptées, Pierre Pajot faisait découvrir les anciennes auberges de la rue de Grévarin, avant de finir par la place d'Armes. L'aspect de la place a bien changé depuis le Moyen-Âge, et il faut faire un effort d'imagination pour se représenter les rues étroites qui y aboutissaient. Seul le Lion d'Or est toujours là, sur sa balustrade, qui défie le temps.

Le donjon sous les étoiles

Pour les journées du Patrimoine, le château de la Roche-Guyon a innové en proposant une visite de nuit. Une initiative qui a séduit 500 visiteurs ! Et ils n'ont pas été déçus...

De l'extérieur, l'éclairage des grands jours dore le château et le donjon. Après la découverte libre des écuries, un guide accompagne les visiteurs, et ses explications ne sont pas de trop pour tenter de comprendre l'étrange architecture du château. Les premières constructions troglodytiques datent peut-être du 3ème siècle, époque de l'évangélisation de la région par Saint-Nicaise. En ces temps reculés, les seigneurs de la Roche sont des affreux qui pillent les bateaux sur la Seine. Puis vient Philippe-Auguste, qui met le paquet pour faire construire une place forte redoutable : la frontière normande est à deux pas. Le château garde trace des tourelles, et des puissantes portes munies d'assommoirs et de herses. Atmosphère... Comme les ingénieurs royaux qui l'ont conçu, on se prend à imaginer l'attaque... qui n'a jamais eu lieu !

Le donjon d'alors est beaucoup plus haut qu'à présent et dépasse la crête, permettant de surveiller la vallée de l'Epte. Pour le relier au château bas, on creuse à travers la falaise de craie et de silex un incroyable escalier. Muré depuis deux cents ans, son accès vient d'être ouvert au public à l'occasion de cette journée du Patrimoine. Il faut du souffle et de bonnes jambes pour gravir ses marches raides, dont certaines sont hautes de trente-cinq centimètres ! Mais le jeu en vaut la chandelle. A la lumière des torches et des petites bougies placées dans les niches des parois, l'ascension est si extraordinaire qu'elle ne paraît pas longue. Récompense superbe en débouchant en haut de l'escalier : on se retrouve au pied du donjon rénové de frais, qui découpe sa fière silhouette sur le ciel piqué d'étoiles. Encore quelques marches pour parvenir à la plate-forme, et le panorama se découvre. Vétheuil brille à gauche, avec son église illuminée. La Seine gris pâle s'étire au pied de la falaise. Il est minuit. Le retour réserve d'autres surprises : les chapelles troglo, le pigeonnier creusé dans la roche... On circule dans un gruyère. Au passage, on aperçoit des salons aux belles boiseries du XVIIIè. Ce sera pour une autre fois, la visite complète du château demanderait trois heures.

Pas besoin d'attendre l'année prochaine en tout cas pour la visite nocturne. Elle devrait être proposée à nouveau dès le mois d'octobre.

Arlette Cauderlier
1996

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